Des patients victimes des fluoroquinolones, une famille d'antibiotiques aux effets indésirables graves, portent plainte et dénoncent un scandale sanitaire, révèle ce lundi franceinfo.
Les fluoroquinolones sont une classe d’antibiotiques qui peuvent être utilisés lors d’infections bactériennes graves. Ils commercialisés sous de multiples appellations comme Oflocet, Ciflox ou Tavanic. Mais ils peuvent être à l’origine d’effets indésirables, irréversibles voire mortels. Selon une association de patients, six millions de prescriptions injustifiées ont été faites depuis quatre ans. Des patients dont la santé a été gravement dégradée demandent à la justice d'ouvrir une enquête pénale sur la responsabilité des autorités de santé.
Au total, une dizaine de patients saisissent la justice, notamment le pôle de santé publique de Paris et le parquet de Versailles. Ils portent plainte contre leurs médecins et contre X. Ils réclament l'ouverture d'une enquête pénale pour établir la responsabilité des autorités de santé. De très nombreux médecins continuent de prescrire ces fluoroquinolones pour de banales infections : cystites, otites ou sinusites.
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— franceinfo (@franceinfo) March 13, 2023
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Ce matin, Marie Dupin révèle que des patients français victimes d'un antibiotique saisissent la justice. Ils dénoncent un scandale sanitaire lié aux fluoroquinolones. pic.twitter.com/XLYFFkppOs
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Des prescriptions pour des indications non-prévues
Par ailleurs, une étude de l'Agence européenne du médicament (EMA) confirme que plus des deux tiers des prescriptions en France sont faites pour des indications non-prévues par les recommandations. "Compte tenu de la gravité de certains de ces effets, comme une atteinte du système nerveux (neuropathies périphériques), des troubles neuropsychiatriques, une affection du système musculo-squelettique (douleurs et gonflements au niveau des articulations, inflammation voire rupture des tendons, douleurs et/ou faiblesse au niveau des muscles), et de leur caractère durable dans le temps, invalidant et potentiellement irréversible, l'EMA a réévalué en 2018-2019 le rapport bénéfice/risque des fluoroquinolones. Cette réévaluation a conduit notamment à restreindre leurs indications thérapeutiques et à actualiser leur profil de sécurité d’emploi."
La Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) appelle de son côté le ministère de la Santé à mettre en place un dispositif pour que les médecins justifient chaque prescription de fluoroquinolones. "Dans les cas d'infections urinaires, dans les sinusites, on ne devrait plus voir une seule prescription de fluoroquinolones en première intention", affirme à franceinfo Mathieu Molimard, professeur au CHU de Bordeaux et responsable de la communication de la SFPT. Il juge "crédible" le chiffre de six millions de prescriptions injustifiées. Mais selon lui, "il n'y a pas aujourd'hui les outils pour bloquer les prescriptions. Il faut aller plus loin et changer la législation."
Contacté par franceinfo, le ministère de la Santé explique avoir publié récemment un dossier thématique sur le site de l’ANSM, l’agence du médicament, et avoir demandé que des messages apparaissent dans les logiciels d’aide à la prescription. Un message d’alerte a également été envoyé il y a quelques jours, le 7 mars, à l’ensemble des pharmacies de ville et à l’hôpital.
Le ministère assure également que d’autres actions sont en cours d’élaboration, notamment "l’envoi dans les prochaines semaines d’un mailing à l’ensemble des professionnels de santé pouvant prescrire ces antibiotiques". Enfin, selon le ministère, la recommandation de la HAS "est en cours d’ajustement pour que les fluoroquinolones ne soient plus prescrits dans les cystites simples de l’homme comme c’est déjà prévu dans la cystite simple de la femme."
Lien vers l'article sur le site de franceinfo et la vidéo de l'émission